Pat Metheny & Brad Mehldau

Publié le par Jean-Guy



Pat Metheny & Brad Mehldau "Ring of Life" 2 *

Pat Metheny:
Guitariste, compositeur américain * 1954- * Guitare préférée: Gibson ES 175 & Ibanez PM * Anecdote: Lorsqu'il devient professeur à la Berklee, il est le plus jeune de toute l'histoire de l'école Biographie : Patrick Bruce Metheny est né le 12 août 1954 à Lee's Summit, dans la banlieue de Kansas City, dans le Missouri. Dès son enfance, il baigne déjà dans un environnement très musical, très classique, mais avant tout country. Sur le modèle de son père et de son frère aîné Mike qui jouent de la trompette, Pat se met rapidement à en faire de même. Doué d'un réel talent musical, Pat prend quelques cours et ne tarde pas à maîtriser son instrument au point d'égaler son frère et allant jusqu'à composer lui-même. A cette période, Pat découvre un groupe qui va modifier son approche de la musique: les Beatles. Il est tellement fasciné par ce groupe qu'il décide de négliger la trompette pour se mettre en parallèle à la guitare. Même si cette attitude dérange quelque peu ses parents aux goûts musicaux assez conservateurs, Pat découvre qu'il est possible d'aimer plusieurs genres aussi hétéroclytes que le jazz, la coutry ou encore le rock et qu'on peut les marier tant que la sonorité qui en découle est agréable. A peine pourvu de sa 1ère guitare, Pat met en place dès 1966 son 1er groupe, "The beat bombs". Si l'apprentissage de la trompette subsiste encore quelques temps, il devra bientôt racrocher pour de bon suite à quelques problèmes... dentaires! Le motif du dentiste aidant, notre artiste en herbe, âgé de 13 ans, apprend la guitare en quelques semaines. A côté des Beatles, Pat tire son inspiration d'artistes tels que Miles Davis, Ornette Coleman, ou encore Chet Atkins, puisant son registre dans le blues, le jazz et la country. Entre 14 et 20 ans, il s'entraîne entre 10 et 12h par jour (tant pis pour certains cours!). La guitare lui prend tout son temps à une époque où, d'ailleurs, elle occupe une place de plus en plus importante dans la musique en général. De temps en temps, Pat joue sur scène avec son frère avant d'être enfin en tête d'affiche en 1967, non pas en tant que guitariste mais comme corniste! Cela n'est qu'une parenthèse puisqu'il animera ensuite des soirées en tant que guitariste de rock. Ce n'est qu'un an plus tard que Pat obtient le déclic qui va modifier sa relation avec la musique. En 1968, il assiste en effet à un concert de Wes Montgomery lors du Festival de jazz de Kansas City. Celui-ci restera son influence première à tout jamais. Dès lors, il sait qu'il jouera du jazz et en fera sa profession. Par voie de conséquence, Pat se prend d'une folie envers les guitaristes et tous les jazzmen de l'époque, étudiant leur style sans relâche. En fouinant dans la discothèque de son frère, il se découvre ainsi une passion pour Ornette Coleman, John Coltrane ou encore Miles Davis. Un début prometteur L'année 1968 est décidément une année importante puisque, grâce à une reprise de Wes montgomery, il gagne le concours "Summer Camp" organisé par le magazine "Downbeat" et obtient une bourse d'études pour l'université de Millikin. Cet évènement marque d'ailleurs le début d'une carrière future dans la musique. Pat suit des cours à la High school de Lee's Summit et se donne régulièrement en concert chez lui. Pat est alors chaperonné par deux artistes locaux de Kansas City, le trompettiste Gary Silvis et le batteur Tommy Ruskin. Surtout, à 15 ans, on le retrouve déjà dans les jazz-clubs de Kansas City avec des artistes ayant joué avec Charlie Paker, Count Basie... voire même Herbie Hancock en personne. Toujours poussé par sa musique, il part en 1972 s'installer à Miami en Floride. Pat ne brille guère par ses notes à l'école. Mais cela ne l'empêche pas de se faire engager par la fac pour enseigner la guitare en raison de son incroyable virtuosité. De passage à Miami, il rencontre des artistes tels que Dan Gottlieb ou encore Jaco Pastorius. En 1973, il se fait remarquer par le vibraphoniste Gary Burton avec qui il joue lors du Festival de jazz de Wichita, et qui l'engagera comme professeur quelques semaines plus tard à la "Berklee College Of Music" à Boston qui représente un véritable vivier de jeunes musiciens de talent. Il y enseigne l'improvisation. Âgé seulement de 19 ans, il est le plus jeune professseur de l'histoire de l'école. Il y croise des jeunes nommés John Scofield, Al Di Meola ou encore Mike Stern, le premier étant déjà artiste pro, les deux autres simples élèves. A cette époque, il rencontre aussi un certain Paul Bley avec qui il enregistre son 1er disque longtemps oublié puis réédité sous le titre de "Jaco". De Gary Burton au Pat Metheny Group En 1974, Il adhère au "Gary Burtons Quintett" avec G.Burton (vibraphone), Steve Swallow (basse), Bob Moses (batterie) et Mick Goodrick (guitare). Ce dernier aidera d'ailleurs Pat dans son évolution musicale. En deux ans et trois albums, Pat a certes un rôle bien défini d'accompagnateur, mais ce passage lui vaudra d'affuter ses armes en expérimentant tous types de guitares et de sonorités nouvelles. Début 75, il rencontre un pianiste du nom de Lyle Mays à la suite d'un concert donné lors du festival de Wichita. Pat sera impressionné... A la fin de l'année, il sort son 1er CD "Bright Size Life" avec le bassiste Jaco Pastorius et le batteur Bob Moses. On y décèle déjà un son chaud, aux sonorités coulantes quoique fortement marquées par le bebop. Deux ans plus tard, c'est le son "Pat Metheny Group" qui se construit sous l'impulsion d'un homme rencontré quelques temps plus tôt: le claviériste Lyle Mays avec qui la fusion musicale semble fonctionner à la perfection. Débarrassé de sa mission au sein du Gary Burton's Quintett, il sort le CD "Watercolors". Cet album sera le précurseur du "Pat Metheny Group" (78) oů la composition du groupe se stabilise. Entre temps, les membres défilent... Tandis que le bassiste Eberhard Weber jouait sur "Watercolors" avec le batteur Dan Gottlieb, Weber se fait remplacer dès "PMG" par Mark Egan. Le son PMG se confirme alors comme fait principalement d'improvisations tout en restant structuré, sans aller dans le flou artistique. Pat réussit à mélanger différents styles qui lui sont chers, de Miles Davis, Led Zeppelin ou encore Dolly Parton pour créer ce son unique à mi chemin entre jazz et pop planante. Le succès est au rendez vous tant par le public que par la critique et Pat sait conserver cette image de musicien propre (ni alcool, ni tabac, ni rien d'autre) à l'opposé de bon nombre de ses collègues jazzmen qui explorent volontiers les mondes artificiels... S'ensuit une courte virée en solitaire avec "New Chautauqua" avant de revenir avec son groupe, pour la dernière fois avec Mark Egan, sur "American Garage" (1979) qui se distingue par un son plus rock même si la continuité est encore de mise. Le succès est encore là et Pat se fait même nominer aux Grammy. Pat Superstar En 79, Pat est déjà une superstar avec plus de 100.000 CDs écoulés. Quoi qu'il joue, que ce soit en solo comme en groupe, ses fidèles sont de plus en plus nombreux ce qui encourage l'artiste à explorer davantage les différents genres. Il enchaîne les concerts dans de petites salles oů il présente bien souvent ses futurs morceaux en avant-première et se permet même quelques escapades, comme avec la chanteuse de country Joni Mitchell, toujours accompagné de ses fidèles amis Lyle Mays et Jaco Pastorius. L'album "Shadows And Light" qui sortira en 1980 recevra aussi de bonnes critiques. De retour en solo sur le double album "80/81" (80) où il s'adonne à un jazz plus classique avec Charlie Haden (basse), Jack de Johnette (batterie) et les saxos de Dewey Redman et Michael Brecker. Grâce à ce CD, Pat intègre les cuivres à sa palette et explore enfin le monde d'Ornette Coleman qui est une de ses influences majeures. Porté par ses concerts, Pat et son groupe découvrent le Brésil et sa musique lors d'une tournée. Il y fait également la rencontre des guitaristes Toninho Horta et Milton Nascimiento avec lesquels il travaillera par la suite. C'est ainsi qu'on retrouve ces influences brésiliennes sur l'album "As Falls Wichita, So Falls Wichita" (81) dans lequel Pat insère toujours plus de synthé, mais pondéré par la présence du chanteur. L'intégration croissante du synthé est faite de façon à ce que son spectre sonore élargisse l'individualité stylistique de Pat que ce soit à l'acoustique comme à l'électrique. Enfin et surtout, l'arrivée du percussioniste et chanteur Nama Vasconalos renforce le concept à merveille. Tout en promouvant ce CD en tournée, Pat recrute un nouveau (contre)bassiste du nom de Steve Rodby. Mais l'essentiel des changements doit venir de sa guitare. Pat découvre la magie de la guitare synthé. La mise à feu ne tarde d'aileurs pas puisque celle-ci joue déjà le premier rôle dès "Offramp" (82) qui lui vaudra non seulement le Grammy de la meilleure performance instrumentale, mais aussi l'image de spécialiste de la guitare-synthé. Cet album marque en effet un succès tant commercial que musical. Pat y développe un concept qui évoluera dans les créations suivante, à l'instar de "Travels", un double CD live sorti en 82 et qui recoltera également un Grammy. Dès lors, Pat se dispersera dans divers genres musicaux. Par ailleurs, cette même année marque la rencontre avec Sonny Rollins mais aussi Jim Hall qui reste un modèle pour Pat. Malgré la critique pas toujours positive, il est un fait que Pat attire des foules autant qu'une rock star. Après le départ de Dan Gottlieb, Pat embauche Paul Wertico à la batterie et l'Argentin Pedro Aznar, multi-talent aussi à l'aise au chant qu'à la guitare, les percus ou encore le saxo. Le nouveau quintett du PMG est désormais prêt. A partir de 1983, Pat s'évade dans le monde des musiques de film en participant à celle de "Under Fire" avec le London Symphony Orchestra. Puis il reforme un trio avec Charlie Haden (contrebasse) et Billie Higgins (batterie). Dans "Rejoicing" (83), il rend hommage à Ornette Coleman et réfute par là même la critique qui lui reproche de jouer un jazz trop commercial. C'est la 2ème fois que PM joue du jazz pur. A cette même période, Pat entre dans une relation conflictuelle avec sa maison de disques ECM qui lui impose un travail "à la chaîne", ce qui n'est pas du goût de l'artiste qui aime prendre son temps pour créer et parfaire sa musique. Malgré tout, Pat prend le temps de sortir "First Circle" en 1984. Diversification Finalement, les 80's sont une décennie riche en expériences puisque Pat, à côté de son groupe et de ses expériences jazz en solo, composera également plusieurs musiques de film dont "The Falcon And The Snowman" en 1984, qui malheureusement ne reçut guère d'écho par le film; et ira même jusqu'à explorer la pop-music avec David Bowie sur le titre This is not America. Cette attitude le poussant à aller vers d'autres genres que le jazz ne cesse d'ailleurs d'agacer les puristes. Mais ce côté rebelle plaît au public qui reconnaît en Pat l'incarnation d'un concept musical nouveau: la fusion. En tout cas, à la moitié des 80's, Pat peut déjà tirer un bilan de 12 CDs en 9 ans dont 3 nominés aux Grammy. Âgé d'à peine 30 ans, Pat peut déjà se vanter d'être l'un des rares artistes à avoir forcé le respect du public et de la critique, à l'instar d'autres Grands tels que Miles Davis ou Wayne Shorter. En 1985, entre une tournée triomphale en Europe et une apparition au "Live Aid Concert" où il se produit au côté de Carlos Santana, Pat enregistre pour la 1ère fois avec son frère Mike. En 86, Pat, qui a déjà joué avec maintes de ses idoles, compose "Song X" avec une autre icône, Ornette Coleman. Cet album marque la rencontre du son tendre et planant de PM et des sons non structurés de Coleman. Le New York Times dira de ce disque qu'il est l'un des évènements jazz les plus significatifs de l'année. Metheny se rapprochant de Coleman en particulier en concert pour créer cette sensation difficile d'accès et inédite. Coleman pourtant réticent au départ tirera un nouvel élan dans sa carrière après coup. Pat participe ensuite aux albums de Bob Moses ("The Story of Moses") et de "Mickael Brecker" avant de retrouver son groupe pour l'album "Still Life (Talking)" (1987) aux rythmes très travaillés, influencés par la musique brésilienne et qui rejoint "First Circles" stylistiquement. Cette année est malheureusement marquée par le deuil d'un ami, Jaco Pastorius, avec qui Pat avait travaillé sur "Bright size life". Enfin, il participe à l'enregistrement de "Different trains" avec Steve Reich. Cet album très électronique et expérimental a d'ailleurs la particularité de n'être sorti dans le commerce qu'en 1989. Début 89, après un an de "friche", Pat expérimente le trio sans bassiste sur "Parallel Realities" avec Jack De Johnette avec Herbie Hancock aux claviers; auquels s'ajoutera le bassiste Dave Holland lors de la tournée promotionnelle. La même année, "Letter From Home" voit le retour de Pedro Aznar et l'introduction de passages entiers au chant. La voix sous forme instrumentale a pour rôle de porter la musique. Et cela plaît puisque cet album lui vaudra son premier disque d'or. Pat revient ensuite à un jazz plus traditionnel avec 2 albums en 90: "Reunion" avec le vibraphoniste Gary Burton, et "Question And Answer" avec le batteur Roy Haynes et le bassiste Dave Holland. S'ensuivra une tournée mondiale avec Holland et de Johnette. Toujours en 90, Pat reçoit un Grammy pour son morceau Change of heart. Avec "Secret Story" (92), il réalise son projet le plus peronnel. Car, si le projet devait initialement être seulement à la guitare et au synthé, Pat réalise vite que la présence de vrais musiciens est préférable dans un souci d'authenticité. C'est pourquoi on retrouve pas moins de 80 musiciens invités pour un résultat orchestral de premier choix. Là encore, le succès est au rendez-vous et Pat peut rire des critiques qui considèrent sa musique comme de la guimauve. En 94, il réalise une expérience unique "Zero Tolerance For Silence" qui se caractérise par le seul et unique son de la guitare saturée. Rien d'autre. Etonnant, certes, mais cela correspond à un désir de l'artiste d'explorer les terres musicales inconnues. Ensuite, il part jouer avec son ami John Scofield sur "I Can See You House From Here". Ce n'est qu'en 93 qu'il réapparaît au sein de son groupe. Le live "The Road To You", typiquement méthenien, qui reflète aussi l'évolution personelle de l'artiste, résume les années de tournée qui ont suivi "Letter From Home". "We Live Here" (95) regroupe les diverses influences brésiliennes, pop ou encore funk dans un souci de plaire à des auditeurs adeptes de rock. Contre toute attente, "Quartet" (96) tranche avec son prédécesseur en présentant un vieux swing aux allures de be-bop. Pour l'occasion, le groupe est réduit à son essence: Paul, Steve, Lyle, et bien sûr Pat. La même année, il compose la musique de film "Passagio per il paradisio" et reçoit, enfin, le titre de docteur décerné par la Berklee. Projets tous azimuts "Beyond The Missouri Sky" (97) avec Charlie Haden nous plonge avec simplicité (seulement une guitare acoustique et une contrebasse!) et émotion dans les grandes plaines de son Missouri natal. En revanche, "The sign of 4", un triple album enregitré live avec Derek Bailey (guitare) et les deux batteurs Paul Wertico et Gregg Bendian, apparaît comme la suite de "Zero Tolerance For Silence". En 1999, changement de cap! Pat inaugure son contrat avec sa nouvelle maison de disques Warner en sortant "Imaginary Day" qui se veut un voyage au pays de l'imaginaire, donc planant et abordant divers genres: jazz, rock, pop... et même la techno, au grand dam des puristes! Et puis, Pat, de nouveau, enchaîne dans un registre plus classique, avec Chick Corea, Dave Holland et Roy Haynes sur "Like minds" oů, une fois encore, il prend plaisir à jouer avec des artistes qu'il admire. Enfin, toujours en 99, "Jim Hall - Pat Metheny", c'est la rencontre au sommet entre deux artistes, deux générations, deux conceptions de la guitare pour un exercice de style unique. Le XXIème siècle est encore riche en productions nouvelles. A raison d'au moins un album par an, Pat n'a pas fini de nous étonner. Que ce soit sur une musique de film ("A Map Of The World"_ 2000), dans une configuration intimiste ("Trio 99-00"_ 2000) ou avec son groupe ("Speaking Of Now"_ 2002)... C'est sans fin et ça se mange sans faim... Certains comme Miles Davis ont créé un pont entre jazz et rock, d'autres l'ont franchi, à l'instar de Pat Metheny. Critiqué par les puristes qui lui reprochent une musique trop suave, sa musique a pourtant réussi à attirer la curiosité de nombreux mélomanes de par sa perfection et son talent d'improvisation. Pat, c'est le savant mélange entre jazz, rock, country, et plus généralement tout ce qui est musique. Le but de l'artiste est pourtant clair: se faire plaisir pour mieux faire plaisir au mélomane. Cela reste une constante chez lui, il a toujours cherché et réussi à progresser auprès des artistes qui l'influencent le plus. Après quels que soient ses accompagnateurs, son style de jeu, Pat sera toujours ce son melodique, intense avec des rythmes clairement structurés et des improvisations fluides et interminables. Pat, c'est du rêve...

Source : http://www.unplugged-cafe.org/index.php/Pat_Metheny



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